Mis à jour le 9 novembre, 2008

Rivière Seille : un peu de géographie


La Seille est un affluent rive droite de la Moselle avec laquelle elle conflue à Metz. Elle prend sa source à l'étang du Lindre.

Le bassin de la Seille est situé sur le plateau Lorrain et se décompose en deux régions naturelles qui correspondent à deux ensembles géologiques différents :

1)Le Saulnois et la région des étangs sur sa partie amont jusqu'à la confluence de la Loutre Noire. La rivière chemine lentement.

2)Le plateau liasique à l'aval où la Seille décrit de nombreux méandres au pied des buttes témoins des Côtes de Moselle. La Seille devient alors sinueuse et serpente entre les villages.

La Seille en chiffres

La Seille draine un bassin de 12914 m2 essentiellement imperméable.

Elle prend sa source à 417m d'altitude et se jette dans la Moselle à 163 m d'altitude. Il y a 50 m seulement de dénivellé depuis le Lindre (212 m) qui est considéré comme la source logique.

Elle parcourt 118 km. (63643 toises soit 128 km selon les mesures de 1783)

Sa largeur est de 12 à 17 mètres.

Sa pente entre le Lindre (sa source logique) et Metz (où elle se jette dans la Moselle) est de 0,04 %.

Réseau hydrographique

Elle reçoit ses principaux affluents dans le Saulnois et la région des étangs où le réseau hydrographique est très diffus. Citons le Spin, le Verbach (Dieuze), le Nard (Moyenvic), la Petite Seille (Salonnes), la Loutre Noire.

Par contre,les affluents du plateau liasique sont peu nombreux, courts et présentent souvent un caractère temporaire.

Confluence de la Seille avec le Nard.

Au fond, on aperçoit Marsal (présence du clocher de l'église et de maisons).

Sur la Seille, présence d'un seuil destiné à relever l'étiage de la rivière sur la partie amont. Il a été -depuis la photo- restauré pour limiter l'érosion des berges.

Pas de diversité sur cette partie du cours d'eau : c'est une ligne droite, un canal donc, qui sert à écouler l'eau. Aucun arbre en bordure : les berges sont érodées et s'écroulent régulièrement. Le lit s'élargi et la lame d'eau (profondeur) diminue.

La vie piscicole se maintient comme elle peut. Elle doit faire face à la pollution agricole diffuse et aux périodes d'étiage sévère avec ses phénomènes d'eutrophisation.

Les capacités d'auto-épuration de la Seille sont faibles car elle trop artificialisée, les rejets urbains sont nombreux par manque de station d'épuration et les traitements agricoles sont précipités par les nombreux drainages.

En 2003, des instits ont réalisé une série de prélevements d'eau à la Seille et dans des ruisseaux alentours. Voici leurs résultats.


Rivière Seille : ses caractéristiques

Je ne parlerai que de la tête de bassin de la Seille. C'est là en effet que se jouent ses caractéristiques physiques et sa qualité biologique.

Particularités de la rivière

La Seille est une rivière lente avec des champs d'inondation très importants qui laminent les crues. Son cours est parsemé de barrages et de seuils, voir de radiers de pont qui, ces dernières années, ont (pour certains) été détruits.Ces destructions ont contribuées à banaliser le cours de la Seille, qui dans sa partie aval (le Saulnois) est réduite trop souvent à un canal peu profond, sans végétation rivulaire.

La salinité naturelle de cette rivière trouve son origine quand elle traverse les terrains salins des marnes de Keuper dans le Saulnois. Les arbres ont du mal de pousser sur les rives de la Seille, car peu supportent l'alcanilité du sol.

La Seille a un régime pluvial d'origine océanique fortement influencé par la vidange de l'étang du Lindre (capacité de 12 millions de m3 d'eau) et celles d'une multitude d'autres étangs qui jalonnent son parcours. La gestion de l'étang du Lindre contribue de façon importante au laminage des crues dans la partie amont de la rivière. Là, nous pouvons soulever l'artificialisation du débit de la rivière qui ne "travaille" que trop peu pendant les périodes de crues, mais qui satisfait le monde agricole enclin à cultiver les terres normalement inondées en période de crue.

La Seille, une malade chronique

Une analyse de la situation qui n'engage que moi mais qui, je sais, est partagée par de nombreux amis sensibles à leur environnement.

Le réseau hydrographique de la tête de bassin de la Seille est rural. Les pâturages (de moins en moins nombreux) cotoient les cultures céréalières. De nombreuses petites communes bordent - directement ou par l'intermédiaire d'affluents - la rivière.

La Seille est à l'opposé d'une rivière sauvage...

Depuis le Moyen-Age, elle a subi des travaux hydrauliques lourds : il fallait la rendre flottable (consulter la page histoire de la Seille), assécher les marais nauséabonds et réduire le champ de crue pour occuper l'espace plus durablement.

De plus, son environnement proche fait de nombreux marécages a été asséché par l'accumulation du briquetage et plus récemment à coup de drainages (présence de fossés d'écoulement et de drains enterrés) dans les prairies et les cultures.

C'est ainsi qu'aujourd'hui, cette rivière est artificialisée. Elle porte d'ailleurs historiquement par endroit le nom de canal pour la différencier de son ancien cours réduit aujourd'hui à quelques bras morts dont les plus remarquables sont entre Saint -Médard et Marsal pour l'un (il vient d'être curé assez brutalement causant une mortalité piscicole importante) et entre Moyenvic et Vic/Seille (le Châtry) pour l'autre. Mis à part ces relicats d'une rivière sinueuse, il ne reste rien. Rien qu'un lit linéaire tracé au cordeau et élargi.

Une des première conséquence visible à tout et chacun est la discrétion paysagère du cours d'eau : il est difficile pour le quidam de savoir qu'il y a une rivière qui coule au fond de la vallée. Il n'y a pas de végétation rivulaire. Pas d'arbres qui signalent la présence d'eau et qui accompagnent son cours. Et comme le lit s'est "enfoncé", la Seille reste cachée derrière les maigres brins d'herbe qui résistent à la force des crues et des désherbants.

Quand on s'approche, ce qui frappe en premier, c'est la banalisation du milieu. Pas de roseaux, de nénuphars, peu de relief en profondeur. Quelques "trous" comme les appellent les pêcheurs et quelques radiers se sont formés au cours des années, mais qui sont trop rares pour diversifier efficacement la niche écologique aquatique. La rivière s'est dégradée, malade de l'homme. Les anciens aiment à se rappeler les endroits où, jeunes, ils allaient taquiner le goujon entre les roseaux et près des nénuphars, les moments délicieux où après les crues il allaient dans les prairies "récolter" le poisson pris au piège dans les cuvettes naturelles. Tout ceci n'est plus. La Seille canalisée a eu raison des roseaux et des nénuphars qu'elle a balayé de son courant violent accéléré par l'apport massif des effluents, des drainants et par la droiture de son cours. Les crues de la Seille sont aujourd'hui des crues "chasse d'eau". La rivière ne s'étale plus de tout son large pour paresser sur l'herbe des prés. Elle court vite se réfugier à Metz qui doit alors faire face à des inondations subites et inattendues.

Cette banalisation du milieu a par ailleurs un effet destructeur sur les terres agricoles : les crues trop violentes laminent les berges nues qui s'effondrent dans l'eau. La Seille grignotte ainsi par endroit quelques centimètres par an au propriétaire du terrain. A Vic sur Seille, en aval de la station d'épuration, ce grignotage est parlant : à un mètre cinquante dans la rivière on peut observer le piquet d'un ancien pont bâtit par les allemands en 39-45. Ce piquet était à l'origine au bord de la rivière !

Une maladie diagnostiquée mais pas soignée.

Quand on se penche sur l'état du patient en été, on peut être surpris. L'eau a une couleur brunâtre inquiétante, le niveau est au plus bas (étiage sévère) et de drôles d'algues ont poussé. Sa maladie : l'eutrophisation. Tous les paramètres sont présents : présence de nitrates, faible lame d'eau, débit lent, absence d'ombrage. Conséquence : l'eau se réchauffe, se charge en matières organiques et les micro-algues, les algues se développent rapidement. L'oxygène "pompée" par ces végétaux manque à l'eau, et c'est la vie piscicole qui en fait les frais. Mais qu'est-ce que représente la vie du poisson dans notre société ? ...Alors imaginons un ciel sans oiseaux ! C'est la même chose pour une rivière sans poissons... L'écosystème est un ensemble d'êtres vivants qui vivent en interaction les uns par rapport aux autres. Si un élément de ce système subit une modification, c'est tout l'ensemble qui s'en trouve atteint. L'équilibre est bouleversé, déstabilisé brutalement. Tant qu'il a la capacité de s'auto regénérer, l'écosystème retrouve un fonctionnement normal à plus ou moins long terme. Mais quand cela se produit trop souvent, cette capacité d'auto regénération faiblit et le milieu est fragilisé pour finalement se transformer. C'est ainsi que les capacités d'auto-épuration de la Seille sont très faibles, tant les modifications (physiques et biologiques) ont apporté de changements.

 

Une malade reconnue

Depuis le temps que le son des sirènes alarmistes résonnent aux oreilles des élus, des directions environnementales et des propriétaires, la mobilisation commence à prendre forme. Les docteurs se penchent enfin sur le patient ...Arrivera-t-on à le sauver ? C'est à voir ... la malade a eu le temps de s'affaiblir et de développer des plaies importantes. Mais, quoi qu'il en soit, tout ce qui sera fait pour la guérir ne pourra qu'améliorer son état général.

C'est le commencement d'une thérapie familiale. Les Communes, en passant par les agriculteurs, les Syndicats et les Agences, pour arriver à l'Europe vont mettre des moyens humains et financiers à soigner et réparer certains dégâts. Nous allons maintenant brosser le tableau des différentes actions réalisées et en cours de réalisation.

Traitements et pansements du patient

Le Syndicat Intercommunal de la Seille amont a réalisé un programme de renaturation de la Seille sur notre secteur (de Lindre à Chambrey) :

- création d'épis afin de diversifier le cours de l'eau.

- plantation d'arbres et d'arbustes sur les berges afin de créer des zones d'ombre (ce qui peut limiter l'eutrophisation et le réchauffement) et maintenir la stabilité des rives. Là, il est regrettable que, sur la Commune de Moyenvic, rien de ce qui a été prévu n'a été réalisé : malgré l'enquête d'utilité publique ( on ne peut donc pas s'y opposer) et la prise en charge totale des travaux par le Syndicat de la Seille, l'Association foncière a refusé tous les travaux de plantation et ledit Syndicat n'a pas osé aller au bout de ses obligations. Dommage ! La cohérence de l'ensemble s'en trouve compromise et les rives de la Seille à Moyenvic restent un désert. Après deux années, on peut constater que la moitié des plantations ont disparu : non reprise, arrachage, désherbage, destruction. Le Syndicat a demandé au planteur de refaire les plantations détruites. A cette heure (le 15 juin à ... 11h08 !) rien de fait.

- création d'une banquette à l'entrée de Vic/Seille pour lutter contre l'érosion. Personnellement je pense que cette réalisation a accentué la banalisation du lit de la rivière, supprimant la configaration variée de l'endroit tant au niveau de la ripisylve qu'à celui du lit même de la rivière.

- curage et ouverture amont de la vieille Seille à Saint-Médard : opération malheureuse dans sa réalisation qui a vu une mortalité importante de poisson et une banalisation certaine du milieu. Le curage a été trop drastique et réalisé au mauvais moment. Seul le temps va permettre à cet écosytème de retrouver un équilibre. Je pense que cette réalisation n'a comme effet qu'accentuer les décrues déjà brutales et favorise l'assèchement de la vallée humide.

- création d'un lit mineur sur la vieille Seille à Marsal et aménagement d'un abreuvoir à bovin : cette réalisation permet de maintenir une lame d'eau nécessaire à la vie du poisson dans lespériodes d'étiage sévère.

- enlèvement d'atterrisements de dépots alluvionaires à certains endroits. Ils gênait qui ? De toute façon, il se reformerons bientôt !

- création d'un lit mineur dans la traversée de Vic/Seille : ce projet n'est pas encore réalisé. Le projet est déjà vieux de deux ans et entre temps, le barrage aval de la Commune a cédé, abaissant de manière importante la lame d'eau dans toute la traversée de la ville. Ce projet a pour but d'éviter le développement anarchique des végétaux aquatiques et son cortège de nuisances : odeur nauséabonde, moustiques piqueurs, paysage ragoutant ... Ce projet a évolué singulièrement entre sa première mouture et la dernière. Par mesure d'économie le lit sera moins diversifié et les accès moins nombreux. Reste que ces travaux de renaturation pourront redonner à la rivière un peu de tonus et de la variété. Les pêcheurs sont un peu inquiets des conséquences sur la pratique de leur loisir et sont circonspects : il est certain que la population piscicole va évoluer : les espèces d'eaux calmes (carpes, anguilles, tanches ...) vont certainement laisser place à celles des eaux plus vives (ablettes, goujons, barbeaux ...). Nous attendons la réalisation des travaux pour cette année 2008.

Le Syndicat de la Seille a la volonté de s'étendre au bassin versant, incluant donc toutes les Communes qui ont un affluent sur leur terre. Ce projet permettra une gestion plus cohérante de la rivière, mais se heurte à un problème de compétence avec la CCS (Communauté de Communes de Saulnois). M. Pierre Gilliard, ancien président a initié cette démarche. Mme Jost qui a repris les commandes devra s'atteler à cette tâche avec conviction pour pouvoir y parvenir. A suivre donc.

 

La DCE (Directive Cadre sur l'Eau) exige des résultats d'amélioration de la qualité des eaux

 

Suite de l'article prochainement ....

Vous pouvez réagir en m"écrivant ici.