AFFOUAGE DES SALINES.


Le Gouvernement avoit affecté aux salines de la Meurthe environ quarante mille arpens de forêts nationales, mesure d'ordonnance; mais, des réclamations s'étant élevées contre cette, affectation, une loi du 12 juin 1793 en a distrait un huitième, qui se prélève annuellement sur l'exploitation et se vend au public.

Les coupes de bois affectés sont réglées et délivrées annuellement par l'administration forestière, sur l'état des besoins des salines arrêté par le Ministre des finances; l'estimation s'en fait contradictoirement avec les régisseurs des salines, et le Ministre la ratifie sur l'avis du Préfet.

Autrefois on exploitait partie de ces bois en taillis de douze à quinze ans, dans la persuasion que le fagotage convenait mieux à ces usines; mais on a senti le vice de cette méthode, qui, eût entraîné la ruine des forêts; et l'ancien Gouvernement en soumit la direction à une commission réformatrice, qui les a depuis aménagées suivant l'ordonnance.

Les produits de ces coupes suffisoient à la consommation ordinaire avant que, l'on en eût distrait le huitième; mais la nécessité de combler ce déficit a augmenté dans les salines l'usage de la houille : et comme la fabrication a doublé depuis quelques années, on y en brûle aujourd'hui de trois à quatre cent mille quintaux.

Il seroit à désirer que les salines augmentassent graduellement la consommation de ce combustible, pour procurer aux villes de Metz et de Nancy des bois de chauffage, qui y deviennent de jour en jour plus rares et plus chers : la proximité des riches houillères du pays de Saarbruck, offre la même possibilité de n'employer que du charbon de terre dans ces usines et le transport, en deviendroit aussi facile que peu dispendieux, si l'on réalisoit le projet déjà indiqué de réunir la Sarre à la Seille par un canal; projet dont l'exécution seroit à-la-fois utile au Gouvernement et à l'industrie, parce qu'elle procurerait à d'autres fabriques intéressantes, les bois dont elles ne peuvent se passer.