le busard Saint Martin
Circus cyaneus
Ordre : Accipitriformes
Famille : Accipitridés ;
Taille : 44 à 52 cm
Envergure : 105 à 125 cm
Poids : Femelle : 400 à 700 g ; Mâle : 300 à
400 g
Longévité : 17 ans
Identification
Un peu plus petit que le busard des roseaux, mais sa queue est plus large et
son extrémité plus arrondie. Le plumage du mâle est très
clair avec un large croupion blanc. L'extrémité des ailes est
noire. Se distingue du busard cendré par l'absence de bande noire sur
le dessus et le dessous des ailes.
Femelle ou immature, le dessus est brun sombre avec le dessous jaunâtre
rayé. Confusion possible avec la femelle ou immature. Mâle et femelle
sont tout à fait différents. Le busard Saint- Martin mâle
est complètement gris-ardoise clair sur le dessus, sauf sur le croupion
qui est très blanc et bien visible en vol. la tête, le dessous
des ailes et la queue sont gris. La gorge et la poitrine sont grises mais d'un
ton légèrement bleuté suivant la lumière. Le reste
des parties inférieures est d'un blanc pur. Les pattes sont jaunes, sans
plumes sur les tarses. Le bec est jaune avec le bout noir, les serres sont noires.
L'oeil est jaune orangé brillant. En vol, les primaires noires apparaissent
très nettement, ainsi que la ligne sombre qui borde la partie postérieure
des ailes. Quand on peut le voir de face, on remarque un cercle de plumes courtes
et légèrement ondulées qui délimitent la face. Les
sous-caudales sont blanchâtres, rayées transversalement de gris.
La femelle a la tête et la nuque marron foncé avec les bouts des
plumes clairs, ce qui donne une impression de rayures. Le dos et le dessus des
ailes sont bruns, légèrement doré sur les couvertures moyennes,
et brun uniforme sur les secondaires. Le croupion est bien blanc et visible
en vol. La queue grisâtre a des bandes brunes ou brun-roux, la dernière
plus large, et le bord final blanchâtre, facile à voir quand elle
déploie sa queue en éventail. Le cercle facial s'étend
jusqu'à la gorge en une ligne obscure. Les parties inférieures
sont brun clair, avec des vagues noirâtres ou noires. Les yeux sont marron-jaune,
les pattes sont jaunes, le bec est jaune et noir.
Les juvéniles ressemblent à la femelle, mais les plumes de la
partie supérieure ont les bords plus pâles et prononcés,
surtout sur la tête et la nuque, et une couleur générale
plus rousse, surtout dessous. Les yeux sont bruns, le bec verdâtre et
les pattes jaunes.
Cri
Le busard Saint-Martin est silencieux pendant les vols migratoires et en dehors
de la période de reproduction. Il devient plus bruyant quand il occupe
son territoire de nidification.
Quand quelqu'un approche, il s'excite et crie, avec un répété
« kiki-ki » haut perché. Quand l'incubation est commencée,
la femelle émet un « quiia-quiia » très haut et répété,
en survolant le nid. Quand le mâle arrive avec de la nourriture, il appelle
la femelle avec un doux « tchek-tchek », qui peut aussi devenir
un signal d'alarme pour le mâle s'il voit approcher un intrus. En répétant
plusieurs fois « kek-kekkek », il fait sortir la femelle du nid,
et les deux ensemble, ils survolent le site avec ce cri d'alarme.
Habitat
Assez commun mais localisé, le busard Saint-Martin niche dans une grande
variété d'habitats : cultures, zones côtières sablonneuses,
steppes, taïgas.Le busard Saint-Martin vit dans les landes semi-montagneuses,
avec une végétation arbustive, sur les coteaux avec des prairies,
fuyant les forêts, préférant les versants nord et nord-est,
mais nichant sur ceux orientés au sud ou au sud-ouest. Il fréquente
aussi les zones humides et les marécages, lorsqu'il est en migration.
Distribution : en Europe, le busard Saint-Martin se reproduit en Scandinavie,
Grande-Bretagne, sud-ouest de l'Irlande, nord du Portugal, nord-ouest et nord
de l'Espagne, et à travers l'Europe (sauf l'extrême sud) jusqu'à
l'est, en Russie et en Sibérie.
Migration
Départ : c'est entre les mois d'août et d'octobre que les busards Saint-Martin du Nord de l'Europe entament leur migration vers le sud afin de rejoindre leurs quartiers d'hiver situés entre le sud de la Suède et l'Europe méridionale, du Portugal à la Turquie. Ils élisent alors domicile dans les régions de polders côtiers et à proximité des deltas. Seule une minorité d'individus traverse la Méditerranée pour hiverner sur le continent africain (on en compte environ 200 au-dessus du détroit de Gibraltar). Le nombre d'oiseaux observés aux différents points de passage forcé est d'autant plus faible que l'espèce migre sur un large front.
Retour : la migration prénuptiale se déroule entre la fin du mois de février et la fin d’avril, des retardataires passant jusqu’en mai.
Comportements
Si la structure du paysage s'y prête, le busard Saint-Martin a tendance
à se regrouper en petites colonies. Pour chasser, le busard Saint-Martin
vole à très basse altitude, regardant continuellement vers le
bas, épluchant tous les recoins, franchissant les irrégularités
de terrain, suivant le contour des prés, et disparaissant d'un seul coup,
pour réapparaître à nouveau, comme venu de nulle part. Il
se pose fréquemment au sol, mais plus souvent sur un arbuste, ou un lieu
proéminent. C'est l'un des oiseaux de proie les plus actifs qui existent,
et il est souvent en vol, environ 40% de la journée, et il parcourt environ
160 km/jour. Pendant la période de nidification, il se montre très
agressif envers ses congénères, les attaquant sans hésiter.
Si un intrus s'approche du nid, les adultes le harcèlent en vol en piaillant.
De même, si les poussins de quelques jours sont attaqués au nid,
ils sont assez vaillants pour lancer leurs serres vers l'avant, en ouvrant le
bec d'une façon menaçante, produisant un grand souffle qui décourage
de nombreux prédateurs.
Quand le temps est humide, il reste posé la majeure partie du jour. S'il
fait soleil, son activité commence à l'aube. Il possède
un grand avantage sur les petits animaux terrestres et les oiseaux qui nichent
au sol, en suspendant son vol, levant les ailes en V serré, et tombant
sur sa proie les serres en avant. S'il manque son but, il saute sur le sol sans
plier les ailes, avec une grande agilité. Parfois, il s'élève
à nouveau, tourne en planant, et attaque à nouveau.
Chaque couple occupe un territoire en deux parties. Une grande zone de chasse
(plus de 25 km²) pour le mâle, l'autre, la zone où se trouve
le nid (1 km²) est occupée par la femelle. Pendant l'incubation,
le mâle apporte de la nourriture à la femelle. Quand il approche
du nid, il crie d'une façon caractéristique pour que la femelle
vienne à sa rencontre. Quand ils se rapprochent l'un de l'autre, le mâle
se tient un peu au-dessus de la femelle, elle s'approche encore, tourne vers
lui, et l'appelle d'une voix douce. C'est le signal pour que le mâle lâche
sa proie que la femelle saisit immédiatement en l'air. Parfois, elle
la prend dans les serres du mâle avant qu'il ne la lâche. L'échec
de la manoeuvre est très rare. Quand la femelle s'éloigne du nid,
le mâle apparaît aussitôt, et reste debout à côté
du nid jusqu'à son retour.
L'espèce est connue comme étant bigame, et parfois polygame, ce
qui entraîne la perte des couvées, le mâle ne pouvant assumer
le nourrissage de plusieurs femelles et des couvées.
Vol
Vol bas et louvoyant.Quand il chasse en vol, à faible hauteur (entre
1,50 et 2 mètres, parfois entre 10 et 30 mètres), le busard Saint-Martin
bat des ailes paresseusement 4 ou 5 fois, ensuite il plane avec les ailes à
demi levées, et enfin, fond sur sa proie terrestre.
En revanche, il réalise de superbes acrobaties pendant la parade nuptiale.
Il s'élève verticalement, tourne avec une cabriole au sommet de
sa trajectoire, pour finir en se laissant tomber, ailes fermées. La femelle
reste posée, indifférente ou presque, tandis que le mâle
se lance en piqué plusieurs fois depuis 20 à 25 mètres
de hauteur, parfois jusqu'à 60 mètres, et en arrivant près
du sol, il s'élève à nouveau en tournant son corps dans
les airs, et remontant, à chaque fois moins haut. Soudain la femelle
se met à voler aussi, s'élevant considérablement, rejoint
le mâle, et ensemble, bec au vent et piaillant, semblent jouer ou se quereller,
pour piquer vers le sol, l'un après l'autre, et quand elle commence une
nouvelle ascension, elle se retourne et présente ses serres au mâle
sans le toucher.
Quand on voit le busard Saint-Martin de face en train de voler, ses ailes sont
invariablement en V ouvert, mais quand il plane, il a tendance à avoir
les ailes très aplaties et même parfois, légèrement
arquées. Il bat des ailes rapidement, et les moments planés sont
courts. La
femelle, plus lourde, est moins gracieuse en vol.
Nidification
Le busard Saint-Martin occupe en principe le même territoire d'année
en année. Dès la première semaine de mars, la femelle occupe
et surveille le petit territoire. Elle construit entièrement le nid,
presque toujours sur le sol, sur des genêts aplatis. Elle emploie en général
des herbes sèches ou de petits rameaux secs de genêts. Le nid est
très sommaire et vraiment petit (45 à 50 cm de diamètre
pour 7 à 10 cm d'épaisseur). Vers fin avril, la femelle dépose
de 4 à 6 oeufs blanc bleuté clair et très sphériques
(46 x 36 mm), à 48 heures d'intervalles. L'incubation commence au 2ème
ou 3ème oeuf, assurée par la femelle qui, au début, n'est
pas présente en permanence. Elle dure de 29 à 30 jours, plus 3
ou 4 jours de plus pour que tous les oeufs aient éclos.
Les nouveaux-nés sont couverts d'un duvet très blanc, ils ont
de grands yeux fermés, cerclés de brun, qui leur donnent l'apparence
de hiboux. La femelle les couve pendant 8 à 10 jours. Elle les nourrit
avec les proies ramenées par le mâle et déjà écorchées.
Au bout de 20 jours, les plumes commencent à sortir. Les poussins grandissent
rapidement et abandonnent le nid en se cachant dans les arbustes, à 3
ou 4 mètres, mais reviennent au nid pour être nourris, ou s'il
pleut trop fort, pour que la femelle les protège. Ils effectuent leurs
premiers vols à 31-35 jours, en compagnie des parents. Ce sont des vols
semblables aux vols nuptiaux, où les juvéniles apparaissent très
maladroits. Ils apprennent vite la technique de « passage en vol »
des proies en l'air, mais ils ne sont pas complètement indépendants.
Ils restent groupés et quittent le territoire tous ensemble en septembre.
Régime
Ses proies principales sont les petits mammifères (notamment les souris et les petits lapins).Le busard Saint-Martin se nourrit d'oiseaux de taille petite et moyenne, d'oeufs, de grenouilles, de couleuvres et de lézards, et d'innombrables insectes dont les grillons.
Protection / Menaces
La régression de l'espèce est due notamment à la disparition et à la transformation des habitats de reproduction, à la persécution directe ou à la destruction des nids. Statut Espèce menacée. Les rapaces sont intégralement protégés mais de nombreux sont tirés par des chasseurs.
Une action de protection : la surveillance des couples nicheurs
La surveillance des busards est une action que la LPO Mission Rapaces (anciennement FIR) a débuté il y a environ 25 ans. La surveillance des busards (busard cendré, busard Saint-Martin et busard des roseaux) est particulièrement complexe. En effet, alors que la plupart des rapaces nichent en hauteur (arbres, falaises), les busards ont pour spécificité de nicher au sol. Et sans construire d’aire. Ce qui veut dire qu’ils nichent chaque année à un endroit différent, qu’il faut à chaque fois rechercher ! De plus, la disparition de leurs milieux d’origine (prairies herbeuses et marécageuses) conduit ces rapaces à nicher dans les champs de céréales (et autres). La moisson, devient alors tout le problème des busards. Certains poussins, encore incapables de s’envoler lors des fauches, sont happés par les engins agricoles, sans aucun moyen d’en réchapper. Leur seul secours : la collaboration entre des agriculteurs responsables et les ornithologues souvent bénévoles. Ceux de la LPO mais aussi de toutes les associations de protection de la nature et de tous les particuliers, qui, en France, luttent sans relâche pour la préservation des busards. L’action des protecteurs de busards consiste à repérer les couples dans les cultures, à en informer les agriculteurs et, avec leur accord, à localiser les nids à l’intérieur des champs pour mettre en place une mesure de protection adaptée en fonction des besoins. La survie des populations « céréalières » de busards dépend entièrement des actions de surveillance. En 2004, 343 personnes se sont mobilisées pendant 3 221 jours, veillant à ce que l’envol de 1 597 busards cendrés, 589 busards Saint-Martin et 74 busards des roseaux se déroule bien. Globalement, en France, ce sont entre 450 à 900 couples de busards cendrés qui sont suivis chaque année. Le tiers des envols pour une moyenne de deux poussins par an et par couple est dû aux actions de protection conjointe agriculteurs /ornithologues.